jeudi 30 janvier 2014

l'amitié


"Pour commencer l’année, on choisit ce qui n’a pas de calendrier. Ce qui n’a pas besoin de rendez-vous. Ce qui est là sans parfois être présent. On est liés. On n’a jamais signé de contrat. On est amis, voilà. Il n’y a pas de déclarations d’amitié parce qu’il n’y a pas de mot. Il faudrait inventer un autre je t’aimeJe … se transforme immédiatement en TuTu es mon ami. L’amitié ne se dit qu’après, elle se confirme, elle ne s’annonce pas. Elle est discrète, elle a changé d’année sans bruit. Elle gagne tranquillement de la durée. Il y a des liens qui n’ont aucune mesure, qui ne marchent ni en heures, ni en minutes ni en années. C’est un nœud dans le temps. On a noué des liens. Mais on a noué quoi de toi et de moi ? Pourquoi parfois le nœud se détend ? De quelle force on l’avait serré ? L’image de départ ce soir serait celle-là : deux corps. Deux danseurs. Deux amis, et un titre de spectacle : « une douce imprudence ». Ce serait comme le meilleur à se souhaiter en ce début d’année. Je vous souhaite : une douce imprudence. Parce que l’amitié ce n’est pas confortable, sinon on la perd. Ca nécessite des risques. De la présence. D’y être, mais d’y être vraiment, pouvoir dire : je suis là. Et sans mentir. Sans faire une phrase toute faite. Je suis là c'est à dire pour la première fois. L’amitié n’a pas de témoins. On ne sait pas qui est ami. C’est en secret, comme un baromètre de soi. Lui te « connaît », t’a vu avant, sait qui tu es. // C’est le contraire de 1000, 2000, 5000 amis. C’est le contraire de cliquer pour demander quelqu’un « en ami ». Ca ne se demandera jamais. On n’attendra jamais confirmation. L’amitié dont on parle c’est celle qui vous a arrêtée le soir du 31 décembre ou le matin du 1er janvier. Celle qui vous a fait compter ces nœuds d’éternité. Un chiffre pas élevé. Vous avez cherché des mots pour ce qui toute l’année existe muet. Vous avez tapé : « se voir plus souvent » comme souhait. Pour éviter de dire un jour : « On s’est perdus de vue », on se perd de vue parce que le regard ne peut pas tout embrasser. Il avance, il perd. Un ami ça se regarde. Ca se garde dans la vue. Paupières fermées, un ami ça se voit. On aura envoyé ce soir-là ou ce matin premier : se voir plus souvent. Cette fois, en janvier on prend du temps. Tu es libre quand ? Mais vraiment. On se sera juré. 2014 est en marche, déjà 6 jours passés, on verra si « je suis là », c’est une phrase toute faite ou si vous l’avez enfin inventée."




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